L’avènement de François MITTERAND à la Présidence de la République en 1981 a favorisé, dans le cadre de la loi du 2 Mars 1982, la création de la Région en tant que collectivité territoriale, avec un certain nombre de compétences dont le développement et la promotion de la culture.
L’émergence de la politique culturelle voulue par la Région Guyane, alors présidée par Georges OTHILY, a donné lieu à la création du premier établissement d’éducation artistique, sous le nom d’Ecole Régionale de Musique (ERM), comme la réalisation d’une vision idyllique de formation musicale et chorégraphique destinée aux plus jeunes.
Dès son ouverture, l’ERM a accueilli, dans une maison créole du centre de Cayenne (rue Christophe Colomb) où elle est installée, près de 400 élèves dont 200 issus de l’ESMUC (Ecole Supérieure de Musique de Cayenne) les autres, émanant de divers mouvements associatifs musicaux qui se sont développés au cours des années 80. Elle y est restée 5 ans. À l’époque, l’école ne correspondait pas encore aux critères d’une institution classique d’enseignement, cependant, elle répondait favorablement aux besoins, sans cesse grandissant, de la population Guyanaise.
C’est le 14 mars 1988 que les 200 élèves de l’ESMUC ont été transférés à l’ERM devenue en 1991, l’Ecole Nationale de Musique et de Danse « Edgar Nibul » (ENMD en préfiguration). Cette école a initié une programmation régulière et des enseignements méthodiques auxquels il faut imputer les progrès intervenus alors en matière d’enseignement musical et chorégraphique, dans un environnement social défavorable qu’il a fallu sensibiliser, puis éduquer à l’apprentissage et à l’écoute de la musique.
En 1993, l’ENMD quitte le centre-ville et va s’insérer au sein du lycée « Melkior-Garré », sur la route du Montabo ; plus accueillant, plus spacieux avec plus de place de parking.Cependant, l’énorme bâtiment n’a pas été conçu pour l’éducation artistique qui exige d’autres conditions en termes d’infrastructures mieux adaptées.
Depuis l’installation dans l’ancien immeuble du centre-ville, l’idée de la construction d’une structure dédiée a vu le jour. Sur un panneau de la réception, on peut admirer un plan d’architecte prometteur intitulé : « Projet pour la nouvelle école de musique de Cayenne ».
À Melkior-Garré, toujours punaisé sur le panneau d’affichage de l’accueil, le fameux projet se fait de plus en plus discret, puis disparaît… Bientôt, la « Nouvelle Ecole » n’est plus qu’un serpent de mer que, durant les neuf années du séjour « route de Montabo », l’on ose à peine évoquer, non sans une pointe d’ironie.
En 2002, avec l’aménagement, à nouveau en ville, rue Devèze, l’espoir renaît : « cette fois, c’est du provisoire ! » scandent les professeurs qui sont même consultés sur la conception d’un futur bâtiment consacré à l’enseignement artistique. Il faut, dès lors, s’accommoder, pendant trois années, des anciens locaux de RFO réaménagés, car, l’auditorium si minuscule ne peut accueillir qu’une cinquantaine d’auditeurs.
Tant pis, si la salle de spectacle n’est autre que la cour… Pour l’équipe pédagogique, le lancement, cette année-là (2002), des travaux de l’actuel EN.C.RE (Ensemble Culturel REgional), par la sollicitude de l’assemblée régionale présidée par Antoine KARAM, est la concrétisation, longtemps espérée, de pratiquer et d’enseigner la musique et la danse dans des conditions désormais optimales.
Depuis 2005, après des années de patience, mais aussi de travail et de perfectionnement, l’ENMD s’installe dans une structure complexe, considérée comme le fleuron des Antilles et de la Guyane, avec des salles de cours appropriées, un auditorium à l’apogée des performances techniques de l’instant et des bureaux réservés à l’administration. Ceci témoigne de l’importance que revêt l’éducation artistique dans la politique régionale.
Avec cet aboutissement, les enseignants et les administratifs disposent des conditions idéales leur permettant d’allier la qualité des locaux et les compétences de ceux qui ont la tâche de les faire vivre. Un tel cadre de travail suscite bien des interrogations, non seulement de la part des visiteurs (artistes et autres) mais aussi de la part des usagers, au premier rang desquels les parents d’élèves et les élèves adultes (représentant 30% de l’effectif global), sur l’organisation pédagogique de l’établissement.
Cette question, néanmoins, s’inscrit dans le cadre de la réforme structurelle préconisée par le SRDC (Schéma Régional de Développement Culturel), eu égard aux ambitions affichées de l’actuel président de la Collectivité Territoriale de Guyane, Rodolphe ALEXANDRE.
Il s’agit, aujourd’hui, de doter cette agence de formation artistique, des moyens lui permettant de devenir un véritable outil de référence du développement culturel de la Guyane. Ceci par la qualité de sa restructuration pédagogique et administrative, ainsi que sa capacité à animer l’ensemble du territoire, y compris les communes isolées, afin de devenir un acteur essentiel de la vie de toute la population Guyanaise.
Le 14 mars 2013 l’ENMD devient le CMDTG (Conservatoire de Musique, Danse et Théâtre de Guyane), Conservatoire à Rayonnement Départemental (CRD).
L’enseignement de l’art dramatique a pris toute sa place depuis 2013.
Aujourd’hui, l’établissement propose chaque année un riche programme de concerts, spectacles chorégraphiques et d’art dramatique sur l’ensemble du territoire et parfois aussi à l’extérieur (Brésil, Suriname), dans le cadre de la coopération régionale. Cette diffusion valorise surtout les élèves qui, par leurs diverses prestations artistiques montrent au grand public le travail réalisé par l’équipe pédagogique.